A hurler du silence, sûr qu'on entend plus rien
Et je ne veux plus aller aux merveilles.
Qu'il n'y ait plus rien à ramasser
Que les cendres qui brûlent les gorges
Assoifées.
Qu'on récupère ce qu'on croit pouvoir sauver
Et qu'on abandonne le reste.
Et qu reste-t-il ?
Qu'aviez-vous cru ?
Le sol se dérobe.
La terre tremble.
Les murs se resserrent.
Les aiguilles s'affolent.
Et je ne veux plus aller aux merveilles.
Qu'elles meurent les unes après les autres,
La liste est trop bien trop longue
Pour en consommer chaque deuil
Comme il se doit
Chez les gens bien élevés.
Il y a des mots qu'il ne fallait pas prononcer,
Des mots qu'il aurait fallu tuer
Et enterrer sans sépulture.
J'aurais voulu étouffer tous ces mots,
Tous ses mots qui me cognent la tête
A chaque passage.
Et je ne veux plus aller aux merveilles.
Les mains tremblantes et le regard hagard
Constater l'impact des rimes
Plus pauvres à chaque virgule.
Alors le silence ?
Vous y reviendrez bien n'est-ce pas ?
Vous accourerez les yeux larmoyants
Regrettant votre impudence...
Que se mélangent les points de vue
Et que plus jamais on ne puisse savoir
Qui de moi parle.
Et je ne veux plus aller aux merveilles.
Mensonge sur tous les murs.
Qu'on encre au fer rouge sous la peau
Les vérités que nous ne pouvons plus suivre.
Qui avez-vous été ?
Qui serez-vous ?
Qui voulez-vous être ?
Et quelle force pour y parvenir ?
Avec des si tout devient possible
Et plus rien ne se fait.
Plus rien
Et je ne veux plus aller aux merveilles.
Alors encore une fois,
Les bras ballants
La tête déformée
Et les jambes fatiguées,
Tu t'allonges sur les rails
Au milieu du couloir sans passage,
Et tu attends que le téléphone sonne.
Sais-tu seulement
Qui de toi a appelé
A l'aide ?
Moi,
Je n'irai plus aux merveilles.