Chronique du vide : j'ai peur de toi, je veux pas grandir

Publié le par nobody's listening

"Tu viens jouer dans la cours des grands ?

_Désolée mais j'ai perdu mes mikados..."

 

C'était l'époque où on savait encore qui on était. Où on avait la tête sur les épaules et où les choses étaient claires. Ou foncées selon les cas. On était soit noirs soit blancs et on savait à quoi se fier. On avait des certitudes. Et puis le Père-Noël passait une fois par an, mangeait le gateau et se brûlait même pas les fesses dans la cheminée. On savait encore comment on s'appelait sans même qu'une carte d'identité soit justifiée.

 

"....et mon nounours a perdu un oeil, je dois l'emmener à l'hôpital..."

 

La machine s'est déréglée et on a pas bien compris pourquoi. Il paraît que le Père-Noël est mort, voire même qu'il a jamais existé. On ne sait plus qui croire. Et puis on regarde dans le miroir et on se dit garçon ou fille ? Vient un moment où il faut choisir. On fait les démarches pour une carte d'identité, un passeport, une carte vitale et tout ce qui peut paraître essentiel en cas de contrôle ou de décapitation fortuite pas un trente trois tonnes. Il paraît que c'est ça qui fait ce que l'on est.

 

"....sur la route des gens étranges veulent me donner des bonbons mais je dois aller chez le dentiste..."

 

On s'arrache les cheveux, on fait des trous, on recouvre de couleurs et d'accessoires. On se redessine à l'envie. Au besoin on se jette dans les miroirs. Catastrophe lors du vol de portefeuille. Jusqu'à l'énervement.On a donné des coups de ciseaux rageurs dans les cartes de crédit par pur principe. Dommage que le principe en question ait été mal défini à la base. Ca aurait évité des ennuis. Parce qu'on fait comment pour payer le médecin qui nous dira si fille ou garçon ?

 

"....et à la marelle je touche toujours les lignes...."

 

Alors un jour on vous dit qu'il faut se mélanger, on parle de fusion et d'union. Mais comment on fait quand on ne sait toujours pas ce qu'on est ? Si on ne sait pas ce qu'on est, peut-on savoir ce que l'autre est ? Difficile... On finit par ne plus voir que des ennemis. Adversaires à tous les coins de labyrhinte. Il n'y a plus de miroir parce qu'on l'a brisé au deuxième acte. Il reste quoi ? Juste cette sensation d'être perdu. Cette seconde d'abandon.

 

"Garçon ou fille ?"

Publié dans Chronique du vide

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